Acquittement de Dany Villanueva : un autre cas de profilage racial

MONTRÉAL, le 28 octobre 2011. La juge Louise Bourdeau de la Cour du Québec a aujourd’hui acquitté cinq jeunes hommes, dont Dany Villanueva, dans une cause de vol qualifié après avoir conclu que les policiers avaient détenu arbitrairement les accusés.
 
Pour le Comité de soutien à Dany Villanueva, les circonstances de l’arrestation des cinq jeunes hommes soulèvent de nouvelles questions sur le recours au profilage racial de la part des agents du Service de police de la Ville de Montréal.
 
Rappelons que les faits de cette affaire remontent au 18 juin 2008, et sont donc vieux de plus de 3 ans.
 
Suite à une plainte pour le vol d’un médaillon, les policiers Philippe Tremblay et Rock Lamarche ont « détenus pour fins d’enquête » les cinq occupants de la voiture conduite par Dany Villanueva, à l’angle des rues Berri et Saint-Antoine.
 
L’agent Tremblay a même témoigné à l’effet que les policiers avaient dégainé leurs armes à feu lors de l’interception du véhicule.
 
Or, à ce moment-là, les policiers n’avaient aucune information à l’effet que les suspects du vol qualifié circulaient à bord d’un véhicule automobile.
 
En fait, les seules informations dont disposaient les policiers se résumaient à dire que les suspects étaient quatre hommes Noirs et Blancs habillés en « style yo » (?).
 
Le constable Lamarche a même écrit ceci dans son rapport : « À ce moment, nous avons peu d’informations sur les suspects pour avoir les motifs de croire que c’est eux les suspects ».
 
Pour quelle raison alors les policiers ont-ils intercepté la voiture transportant les cinq jeunes hommes, en plus de fouiller et de menotter Dany Villanueva ?
 
De toute évidence, les occupants de la voiture ont été tout simplement interpellés et détenus en raison de la couleur de leur peau et de leur style vestimentaire, point à la ligne.
 
Ainsi, n’importe quel groupe de jeunes hommes Noirs et Blancs portant des vêtements associés à la culture hip hop et se trouvant au centre-ville aurait pu être interpellé par les policiers cette nuit-là.
 
Autrement dit, les policiers ont d’abord interpellés et détenus des gens de couleur et ensuite trouvés des « motifs raisonnables » de procéder à leur arrestation.
 
La détention arbitraire subie par les cinq jeunes hommes ne va pas sans rappeler l’intervention policière tragique qui couta la vie à Fredy Villanueva, le 9 août 2008.
 
Dès l’instant où l’agent Jean-Loup Lapointe fit son entrée dans le stationnement de l’aréna Henri-Bourassa, un groupe de jeunes hommes de couleur monopolisa immédiatement toute son attention.
 
Or, de son propre aveu, l’agent Lapointe ne savait pas si ces jeunes étaient en train de commettre une infraction lorsqu’il commença à concentrer son regard sur eux.
 
Puis, l’agent Lapointe décida d’interpeller le groupe de jeunes hommes de couleur dans son ensemble sans même savoir lesquels parmi eux avait commis une infraction à un règlement municipal en jouant aux dés à l’argent.
 
En acquittant aujourd’hui les cinq jeunes hommes, la juge Bourdeau vient d’envoyer un message clair aux policiers de Montréal, mais aussi à tous les autres membres des corps policiers du Québec, sur leur obligation d’utiliser leurs pouvoirs en conformité avec les droits et libertés garantis par nos deux chartes.
 
Il n’en tient qu’aux policiers d’agir en conséquence.