L’enquête publique doit aborder le contexte entourant la mort de Fredy !

 

Si nous prenons la rue aujourd’hui, c’est avant tout afin d’honorer la mémoire de Fredy Villanueva et de toutes les autres victimes qui n’ont pas survécu à la répression policière. Mais c’est aussi pour demander au coroner ad hoc Robert Sansfaçon de s’engager à tenir compte du fléau du profilage racial et du contexte social plus large entourant l’intervention policière qui coûta la vie à Fredy Villanueva lorsqu’il dirigera l’enquête publique sur cette tragédie.
 
Après tout, ce n'est pas un hasard si tout un quartier a crié son ras-le-bol du profilage racial et du harcèlement policier moins de vingt-quatre heures après la mort de Fredy.
 
Quand Fredy a été abattu par l’agent Jean-Loup Lapointe, il devenait la troisième personne à perdre la vie suite à une intervention policière en l’espace de cinq ans à Montréal-Nord. Vianney Charest, 51 ans, a été abattu par deux coups de feu tiré par un policier dans un motel situé à l'angle des boulevards Henri-Bourassa et Langelier, le 9 juillet 2007. Quant à Michel Berniquez, 45 ans, est décédé d'un arrêt cardiaque suite à une arrestation musclée effectuée par six policiers à l'intersection des boulevards Henri-Bourassa et Lacordaire, le 28 juin 2003.
 
Est-ce un hasard si ces trois interventions policières meurtrières eurent toutes lieu dans le même secteur de Montréal-Nord, à une distance de seulement quelques pâtés de maison l’une de l’autre ?
 
Avez-vous remarqué que ce genre de tragédie-là n'arrive jamais dans les ghettos bourgeois comme Westmount, Outremont ou Pointe-Claire ?
 
Est-ce vraiment une coïncidence si ce genre de drames-là surviennent pratiquement à tout coup dans les quartiers défavorisés où s'entassent les pauvres et les membres des communautés issues de l’immigration, comme à Montréal-Nord mais aussi dans Côte-des-neiges et St-Michel ?
 
Rappelons que Mohamed Anas Bennis, 25 ans, a été abattu par la police dans Côte-des-neiges, le 1er décembre 2005. C’est dans ce même quartier où survint l'arrestation d'Alexer Campbell, qui donna lieu à la première décision d'un tribunal québécois concluant que les policiers avaient eu recours au profilage racial. Rappelons aussi que Quilem Registre, 38 ans, est mort dans le quartier St-Michel après avoir reçu six décharges de taser, le 14 octobre 2007. C’est dans ce même quartier où qu’une poursuite au civil de 750 000 $ a été intentée contre la police de Montréal par des victimes de profilage racial vivant dans des HLM.
 
Si le coroner ad hoc Sansfaçon souhaite vraiment que l’enquête publique aide à prévenir d’autres morts aussi inutiles qu’injustes, alors il doit se montrer prêt à situer la mort de Fredy dans son contexte et non pas la traiter comme s’il s’agissait d’un événement isolé. Mais la partie est encore loin d’être gagnée.
 
Il n’a jamais été dans l’intention du gouvernement que cette enquête fasse toute la lumière sur les circonstances entourant le décès de Fredy. La preuve : il aura fallut faire pression pendant plusieurs mois pour que le gouvernement finisse par accepter de payer les avocats des deux autres victimes qui ont été blessés par l’agent Jean-Loup Lapointe alors que les six avocats qui défendront les intérêts des policiers à l’enquête n’ont jamais eu à s’inquiéter que l’État assume leurs honoraires.
 
Tenons-nous le pour dit : seule la mobilisation et la pression politique peut finir par porter fruit !