Le SPVM s’inspire-t-il de la France de Vichy ?

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Le Service de police de la ville de Montréal est-il désespérément inculte ou est-il au contraire dirigé par des officiers qui sont loin d’être des ignares ?

C’est la question qu’on est en droit de se poser suite à la mise sur pied de la controversée escouade GAMMA (Guet des activités des mouvements marginaux et anarchistes) par le SPVM.

Voilà un bien curieux choix de nom quand on sait que le gamma représentait l’insigne de la Milice française, une organisation politique et paramilitaire fasciste créée par le régime de Vichy (1940-1944) durant l’occupation de la France par les troupes de l’Allemagne nazie !

«Troisième lettre de l’alphabet grec, le gamma est la présentation zodiacale de bélier, symbole de renouveau, car le monde entre au printemps sous le signe de bélier. La milice française a pris le gamma pour insigne parce que elle est la force française garant du renouveau français», lit-on dans un document de l’école des cadres de la Milice.

Le gamma était un symbole omniprésent chez la Milice. On le retrouvait sur le drapeau de la Milice. Le port de l’insigne gamma était par ailleurs obligatoire pour ses membres, même en civil, en tout temps, en tout lieu. La Franc-garde, branchée armée de la Milice, portait quant à elle le symbole du gamma en insigne métallique à la boutonnière droite et en insigne brodé sur le béret.

L’utilisation du symbole gamma n’est pas le seul point en commun entre l’escouade du SPVM et la Milice française.

D’une part, les «marginaux», anarchistes et autres anticapitalistes sont dans le collimateur de l’escouade GAMMA, qui a d’ailleurs effectuée ses premières arrestations dans les rangs de l’extrême gauche montréalaise.

D’autre part, la Milice priorisait la lutte contre le «bolchévisme». Son secrétaire général, Joseph Darnand, a ainsi déclaré que «la Milice a pour première tâche d’abattre le communisme».

Travaillant en collaboration avec la Gestapo, la Milice a également participé à la traque des antifascistes, des Juifs, des réfractaires au travail obligatoire et de tous les individus désignés comme étant «déviants». La Milice n’a d’ailleurs pas lésinée à la tâche.

«La Milice a causé la mort de plusieurs milliers de Français», écrit Jacques Delperrié de Bayac dans son livre sur l’histoire de la Milice. Selon Bayac, les faits d’armes de la Milice sont, pour la plupart, peu glorieux : «assassiner des vieillards sans défense la nuit sur une route déserte, arracher des prisonniers de leur cachot pour les tuer d’une rafale de mitraillette au cours d’une prétendue tentative d’évasion, faire périr des hommes sous des tortures affreuses, servir de guide et d’appoint à une armée ennemie en opération contre des Français».

Après la Seconde guerre mondiale, les nombreuses exactions commises par la Milice ont valu à Darnand et à plusieurs autres chefs de la Milice d’être condamnés à mort par la justice française.

On ne saura peut-être jamais par quel étrange procédé les hauts gradés du SPVM en sont-ils arrivés à retenir le nom de GAMMA pour baptiser leur nouvelle escouade «anti-marginaux». Sans doute le SPVM trouve-il son inspiration où il peut.

Chose certaine, les nostalgiques du régime de Vichy ne désavoueraient certainement pas le triste bilan du SPVM en matière de harcèlement et de profilage des communautés non-blanche !

 

Source : DELPERRIÉ DE BAYAC Jacques, «Histoire de la Milice, 1918-1945», éditions Fayard, [1994].