Décès de Fredy Villanueva, quatre ans plus tard

Il y a 4 ans déjà, l’impensable est arrivé dans ce stationnement où nous nous trouvons.

Deux policiers qui sont sortis de leur véhicule parce qu’il y avait une partie de dés.

C’est comme ça qu’a commencé une intervention policière qui a dégénéré en un temps record.

Une minute plus tard, l’agent Jean-Loup Lapointe, matricule 3776, a ouvert le feu sur trois jeunes qui n’avaient pourtant aucune arme dans les mains.

Quand Lapointe parle de ses victimes dans son rapport, il ne parle pas d’être humains fait de chaire et de sang, il parle plutôt de masses, il parle de l’individu no. 1, l’individu no.2, l’individu no. 3, l’individu no. 4 et l’individu no. 5.

Lapointe a donné des numéros à ses victimes pour mieux les déshumaniser.

Il y a encore des gens aujourd’hui qui sont assez naïfs, stupides ou mal informés pour croire les mensonges de la police à l’effet que Lapointe a ouvert le feu parce qu’il avait peur pour sa vie.

Pourtant, à l’enquête du coroner, non seulement aucun témoin oculaire n’est venu corroborer la version de Lapointe, mais en plus pas moins de 11 témoins civils différents ont déclaré sous serment que Fredy Villanueva n'a jamais constitué une menace à aucun moment pour les policiers.

Je parle pas seulement des témoignages de Dany Villanueva, Jeffrey Sagor Metellus, Denis Meas, Yerwood Anthony Clavasquin, Jonathan Senatus, Martha Villanueva, Lilibeth Padilla Guerra, mais je parle aussi des témoins civils qui n’étaient pas des proches de Fredy Villanueva, c’est-à-dire Gerardo Escobar, Samuel Medeiros, Mme Cruz et de Mme Rivera, qui se trouvaient tous dans le parc Henri-Bourassa au moment des tirs.

Lapointe a tiré sur tout ce qui bougeaient devant lui, c’est aussi simple que ça

Quand je pense qu’il y en a qui disent que Lapointe est un agent de la paix.

Jean-Loup Lapointe, c’est un policier qui avait une réputation de baveux, une réputation d’emmerdeur dans le quartier.

Jean-Loup Lapointe, c’est le genre de policier qui va te jeter la tête première dans les poubelles, te passer les menottes, te débarquer derrière le restaurant Hollywood diner, qui est juste en haut de Maurice-Duplessis, au coin de Langelier, te baisser les pantalons pis après ça te dire : oups je me suis trompé.

Jean-Loup Lapointe, c’est le genre de policier qui va se jeter en bas de son bicycle en faisant une pirouette pis en braquant son gun sur des jeunes comme s’il se prenait pour le héros d’un film d’action de série B.

Jean-Loup Lapointe, c’est le genre de policier qui va arrêter un jeune en lui disant : toé je t’arrête parce que t’es le plus petit.

Jean-Loup Lapointe, c’est le genre de policier qui va aller voir des jeunes assis sur un banc de parc pis leur dire : depuis quand les Noirs et les latinos se tiennent ensemble ?

Jean-Loup Lapointe, c’est le genre de policier qui va tirer sur trois jeunes qui ont aucun arme dans les mains pour ensuite braquer son arme à feu sur les témoins terrorisés.

Jean-Loup Lapointe, c’est le genre de policier qui va tirer une balle dans le dos.

Et c’est ça, c’est des histoires que nous autres a avons apprises sur Lapointe à l’enquête du coroner, je n’ose même pas imaginer toutes les histoires qu’on ne connait pas.

Lapointe est un danger public, je le dirais jamais assez.

Vous savez c’est quoi la première affaire que Lapointe a fait quand il est retourné au travail après avoir tué Fredy Villanueva, en septembre 2008 ? Il est allé se chercher un gun pis il est allé tirer dans la salle de tir !

Pensez-y, Lapointe faisait parti des policiers qui étaient envoyé par la direction lorsqu’il y avait une manif qui débordait au centre-ville, je dis ça parce qu’il y a du monde ici qui vont souvent dans les manifs.

Quatre ans plus tard, jour pour jour, après la mort de Fredy Villanueva, on attend toujours le rapport du rapport du coroner.

Quand je pense que le maire de Mtl Gérald Tremblay déclarait quelques jours après la mort de Fredy Villanueva qu’il voulait une enquête rapide et transparente alors qu’aujourd’hui c’est la ville de Mtl elle-même, donc l’administration Tremblay elle-même qui retarde la sortie du rapport du coroner à cause qu’ils contestent une décision du coroner.

Quatre ans plus tard, la police enquête toujours sur la police.

Quatre ans plus tard, le manque de volonté du SPVM de sévir contre le profilage racial est toujours aussi criant.

Quatre ans plus tard, Lapointe a jamais été puni, ni même accusé, pour la mort de Fredy Villanueva.

Et pendant qu’il n’arrive à rien à Lapointe, le fédéral qui veut déporter Dany Villanueva.

C’est un fait bien établi que le fédéral a décidé de convoqué Dany Villanueva devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugiés près de 4 ans après sa condamnation pour le vol d’une chaine au cou.

Le système veut punir deux fois Dany Villanueva pour la même affaire, alors qu’il n’est même pas capable de punir de le policier Lapointe une seule fois pour tout le mal qu’il a fait !

Oui, Dany Villanueva mérite une deuxième chance, pas juste parce qu’il vit ici depuis l’âge de 12 ans, pas juste parce que sa famille est ici au Québec, pas juste parce qu’il y a rien de bon qui l’attend au Honduras, mais aussi parce qu’il gagne maintenant honnêtement sa vie pis c’est exactement ça que la société d’accueil attend de lui.

Il y a du monde dans la population qui pensent que Dany Villanueva fait juste des affaires mauvaises parce que les seules fois qu’ils entendent le nom de Dany Villanueva c’est quand les flics l’arrêtent.

Quand Dany Villanueva réussi à avoir un diplôme d’étude professionnelle, ça fait pas les nouvelles ; quand Dany Villanueva réussi à trouver un emploi ça non plus ça fait pas les nouvelles, le monde en entend pas parler pis ils s’imaginent toutes sortes de fausses affaires sur Dany Villanueva.

Maintenant, je veux pas mettre tous les médias dans le même panier parce qu’il y a des journalistes pour qui j’ai du respect, mais des fois les médias disent des affaires injustes sur les Villanueva pis ça me choque.

Pas plus tard que la semaine passée, il y avait un article dans un journal que j’ai même envie de nommer le nom qui parlait d’une femme qui avait été arrêté avec 8 kilos de cocaïne après son retour de voyage d’Haïti.

L’article mentionne que la femme était allé aux funérailles de Fredy Villanueva ; c’est quoi le rapport ?! J’ai écrit à la journaliste pour lui dire ma façon de penser.

Maintenant, vu que c’est pas la première fois que ça arrive, je demande donc aujourd’hui poliment aux médias : est-ce que vous pourriez cesser d’associer Fredy Villanueva à toutes sortes d’activités criminelles, svp?

Fredy Villanueva n’était pas un criminel de son vivant.

La preuve entendue à l’enquête du coroner a révélée que Fredy Villanueva était pas connu de la police.

Le nom de Fredy Villanueva figurait même pas dans le gros album de photos que Lapointe trainait avec lui partout où il patrouillait.

Fredy Villanueva était même pas fiché comme membre de gang de rue par le SPVM.

Je trouve ça important de le dire parce qu’on sait qu’en 2009, le SPVM avait fiché plus de 10 000 personnes comme membres de gang. Vous savez, 10 000 c’est l’équivalent de la population du Nunavut où ils veulent faire le Plan nord ! Bref, 10 000 personnes c’est du monde en maudit.

Autrement dit, y a ben du monde qui sont fichés qui devraient pas être fichés, du monde qui sont fichés parce qu’ils connaissent quelqu’un qui est le frère d’un gars fiché comme gars de gang, genre.

Si Fredy Villanueva était pas fiché comme gars de gang dans un contexte où le SPVM se gênait pas de ratisser large, ça veut dire que Fredy Villanueva était vraiment en-dessous du radar de la police.

C’est pour ça que je trouve ça révélateur de savoir que Fredy Villanueva était pas fiché comme membre de gang par le SPVM.

La criminalité ne faisait pas partie la vie de Fredy Villanueva. C’est pourquoi je demande aux médias de cesser d’associer le nom de Fredy Villanueva à toutes sortes de choses qui ont aucun rapport avec lui.

Pendant ce temps-là, Lapointe il fait pu parler de lui.

La dernière fois que les journaux ont donné des nouvelles de Lapointe, c’était en septembre 2010, donc ça fait presque deux ans, c’était un article du Devoir qui révélait que le SPVM avait décidé de ramener Lapointe dans la rue.

Il y avait un des avocats de la famille Villanueva qui avait reconnu Lapointe sur le boulevard St-Laurent ; on avait alors appris que Lapointe faisait partie de la Brigade urbaine, une unité de police qui patrouille les rues du centre-ville durant la saisie estivale.

Le seul fait que Lapointe soit de retour dans la rue démontre à lui seul l’ampleur des obstacles qui se dressent devant nous dans la lutte contre la vérité et la justice pour Fredy Villanueva.

Vous savez, quand on bat contre la police, on se bat jamais à armes égales.

La police, c’est une grosse machine on le sait, je suis sûr que j’apprends rien à personne.

Se battre contre la police, c’est souvent des longues batailles qui s’étirent pendant des années devant les tribunaux.

La longueur de la bataille pour la vérité et la justice de la famille Villanueva n’a donc rien d’exceptionnelle.

Je pense à la bataille de la famille d’Anthony Griffin, jeune noir de 19 ans qui s’est fait tiré une balle dans la tête par l’agent Allan Gosset dans un stationnement de poste de police le 11 novembre 1987.

Ça l’a prit 9 ans de procédures devant les tribunaux avant que la mère d’Anthony Griffin soient dédommagée par l’employeur de l’agent Gosset.

Je pense aussi à la bataille de la famille de Marcellus François, jeune noir âgé d’une vingtaine d’années qui est décédé après s’être fait tiré une balle dans la tête par le sergent Michel Tremblay du SWAT le 3 juillet 1991.

Ça l’a prit 6 ans avant que la famille de François soit dédommagée par l’employeur du sergent Tremblay.

Je pense aussi à Jean-Pierre, Lizotte, battu à grands coups de poing par l’agent Giovanni Stante devant une foule de témoins sur la terrasse du Shed Café sur le boulevard Saint-Laurent, le 4 septembre 1999.

Il a fallu attendre jusqu’en juillet 2011, soit douze ans plus tard, avant qu’un tribunal reconnaisse que le policier Stante a fait preuve de force excessive.

Si nous autres, on est encore là, quatre ans plus tard, on peut pas en dire autant de Jacques Dupuis.

Vous vous rappelez de Jacques Dupuis, ministre de la Sécurité publique à l’époque de la mort de Fredy Villanueva ?

C’est lui qui a refusé pendant des mois de payer les frais d’avocats des victimes de Lapointe, retardant ainsi le début de l’enquête du coroner.

Jacques Dupuis était alors un des politiciens les plus puissants au Québec, et il a mystérieusement disparu de la vie publique en 2010 après que les médias ont révélé ses liens avec Luigi Coretti, le dirigeant de l’agent de sécurité BCIA qui a fait une faillite retentissante.

Oui, la bataille pour la vérité et la justice est longue et difficile.

Mais il n’y a pas de récompense sans persévérance.

Si ça doit prendre 5 ans, ou même 10 ans, je fais le serment devant vous aujourd’hui que peu importe le temps que ça prendre, jamais je vais abandonner la lutte pour la vérité et la justice pour Fredy Villanueva, mais aussi la lutte contre la déportation de Dany Villanueva !

Merci.