Texte de l’allocution de la CRAP à la marche commémorative

 
Dans deux jours, ça va faire trois ans.
 
Ça va faire trois longues années que le jeune Fredy Villanueva a été arraché à sa famille après avoir tombé sous les balles du policier Jean-Loup Lapointe, matricule 3776.
 
Ça va faire que trois longues années que la famille Villanueva se bat sans relâche pour obtenir la vérité et la justice pour la mort de Fredy.
 
Trois ans de lutte et pourtant c’est encore loin d’être finie.
 
Pourquoi ? Parce qu’on est encore loin d’avoir le rapport du coroner et parce Jean-Loup Lapointe est encore loin d’être puni pour le meurtre crapuleux de Fredy.
 
Toutes ces longues années de lutte à cause d’une intervention policière débile qui a duré seulement 57 secondes.
 
Comment ça se fait que c’est si long que ça ?
 
Il y a plusieurs raisons ; il y a eu plusieurs retards.
 
Prenez l’enquête du coroner.
 
Vous vous rappelez comment il a fallu qu’on se batte pour que les victimes puissent être représentées par avocats à l’enquête du coroner ?
 
Au début, il était supposé d’y avoir six avocats pour défendre les intérêts des policiers et un seul avocat pour les victimes.
 
Le gouvernement ne voyait aucun problème là-dedans.
 
Quand la famille Villanueva a annoncé son boycott de l’enquête du coroner, le gouvernement a refusé de bouger.
 
Quand tous les organismes citoyens ont annoncé à leur tour qu’ils allaient boycotter eux aussi l’enquête du coroner, le gouvernement a persisté dans son immobilisme.
 
En fin de compte, il a fallu que le coroner décide lui-même de renoncer à cette enquête désormais discrédité de toutes parts pour que le gouvernement accepte d’entendre raison.
 
La bêtise du gouvernement a entrainé à elle seule un retard de dix mois dans le commencement de l’enquête du coroner.
 
Pis une fois qu’elle a commencé, l’enquête du coroner a été très longue elle-même, et ce, en bonne partie parce que les avocats de la police ne manquait jamais une occasion de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui voulait faire toute la lumière sur les causes et circonstances du décès de Fredy Villanueva.
 
C’est comme ça qu’on a perdu un temps fou avec les objections que les avocats de la police faisaient de façon continuelle et systématique pour tout et pour rien.
 
C’est pas mêlant, y a rien que ces avocats zélés n’ont pas fait pour étirer les procédures en longueur.
 
Encore aujourd’hui ces avocats qui défendent la police avez un fanatisme quasi-religieux continuent à entraver le travail du coroner.
 
À tel point que le chemin vers la vérité ressemble à une course à obstacle.
 
Parce que si c’était pas des avocats de la police, le coroner aurait déjà remis son rapport au moment où on se parle.
 
Le problème c’est que les avocats de la police sont pas d’accord avec une décision du coroner.
 
Ils sont pas d’accord avec le fait que le coroner veut examiner le fonctionnement des mesures de sécurité de l’étui à pistolet de l’agent Jean-Loup Lapointe.
 
Cette question-là est importante pour nous.
 
Pourquoi ? Parce que Jean-Loup Lapointe a justifié sa décision de tuer Fredy en disant qu’il a eu peur d’être désarmé.
 
Et dans la tête de Jean-Loup Lapointe, être désarmé équivaut à une mort certaine.
 
Nous ce qu’on dit, c’est que quand on connait le fonctionnement des mécanismes de sécurité de l’étui à pistolet, on sait pertinemment bien que ça aurait été impossible pour quiconque de sortir le gun de Jean-Loup Lapointe de son étui, en supposant que quelqu’un aurait été suffisamment téméraire pour vouloir s’emparer de cette arme-là, ce qui n’a pas été le cas.
 
Bref, la peur d’être désarmé et la crainte de mourir dont parle Jean-Loup Lapointe n’est rien d’autre qu’un vulgaire mensonge pour justifier le geste irréparable qu’il a commis il y a 3 ans en tuant Fredy Villanueva.
 
Et si on veut faire la démonstration que c’est un mensonge, on n’a pas le choix : il faut que le coroner examine le fonctionnement des mécanismes de sécurité de l’étui à pistolet.
 
Mais les avocats de la police sont en train d’essayer de tout faire en leur possible pour nous empêcher de faire la preuve que Jean-Loup Lapointe est un menteur en plus d’être un assassin non-repenti.
 
Et vous savez c’est quoi leur argument ? Ils disent que le coroner va mettre en danger la vie de milliers de policiers au Québec si jamais il examine publiquement le fonctionnement des mécanismes de sécurité de l’étui à pistolet de la police de Mtl.
 
Moi je vous dis que cet argument est de la pure foutaise.
 
Pourquoi ? Hé bien, tout simplement parce que les informations sur le fonctionnement des mécanismes de sécurité de l’étui à pistolet sont des informations du domaine public.
 
Autrement dit, c’est pas un secret.
 
La preuve que c’est pas un secret, c’est que j’ai moi-même réussi à découvrir par mes propres recherches le fonctionnement de ces fameux mécanismes de sécurité des étuis à pistolet de la police de Montréal, et pour ceux que ça intéressent, ils s’agit du Automatic Locking System et du Self-Locking System.
 
Malgré tout, les avocats de la police contestent la décision du coroner devant des tribunaux supérieurs.
 
Avec pour résultat que le coroner doit maintenant attendre la décision des tribunaux supérieurs avant de savoir s’il va pouvoir parler du fonctionnement des mécanismes de sécurité de l’étui à pistolet dans son rapport.
 
C’est comme ça que les avocasseries des avocats de la police de Mtl sont en train d’avoir pour conséquence de retarder le dépôt du rapport du coroner.
 
Comme on dit en anglais : justice delayed is justice denied ; une justice en retard est un déni de justice.
 
Ce délai causé par la police et leurs avocats est une injustice qui s’ajoute à une longue liste d’injustices que subi la famille Villanueva depuis maintenant 3 ans.
 
Et pendant que les avocats de la police font leurs avocasseries, Jean-Loup Lapointe continue à patrouiller impunément les rues avec son pistolet semi-automatique à portée de la main alors que la place de cet assassin devrait être dans un pénitencier fédéral à sécurité maximum.
 
L’impunité dont joui Jean-Loup Lapointe est d’autant plus aberrante quand on sait que le gouvernement veut déporter Dany Villanueva, le frère de Fredy, pour des délits qui ne sont aucunement comparables avec les balles meurtrières tirées par ce policier dont la mauvaise réputation n’est plus à démontrer.
 
Il faut dire que les avocats de la police nous ont déjà démontrés par le passé qu’ils sont les ennemis de la vérité et ils sont en train de nous le démontrer à nouveau avec l’enquête du coroner sur le décès de Fredy Villanueva.
 
Les avocats des policiers veulent cacher la vérité parce que la vérité va à l’encontre des intérêts de Jean-Loup Lapointe et de la police.
 
Parce que la vérité c’est que Fredy a été victime d’un meurtre.
 
Non, Fredy Villanueva n’a pas été victime d’un accident parce que Jean-Loup Lapointe a tiré pour tuer, comme on lui a enseigné à l’école nationale de police de Québec, cette école qui fabrique des centaines de machines à tuer année après année au Québec.
 
Moi je dis qu’on peut pas faire autrement que de dire que la mort de Fredy est un meurtre quand on sait que Fredy a jamais touché à Jean-Loup Lapointe.
 
Je dis ça parce que le seul témoin qui est venu dire au coroner que Fredy a touché à Jean-Loup Lapointe, c’est Jean-Loup Lapointe lui-même.
 
C’est pas mêlant, même sa propre partner, la policière Stéphanie Pilotte, qui était pourtant juste à côté de lui, n’a jamais vu Fredy toucher à Jean-Loup Lapointe.
 
Je dis que c’est un meurtre et non pas de la légitime défense parce que le seul témoin qui est venu dire au coroner que Fredy représentait une menace pour la sécurité de Jean-Loup Lapointe, c’est encore une fois Jean-Loup Lapointe lui-même.
 
Je dis que Jean-Loup Lapointe est un danger public parce que ça prend juste un psychopathe pour tirer de sang froid sur des jeunes qui ont aucune arme dans les mains.
 
Je dis que Jean-Loup Lapointe est un tireur fou parce que ça prend juste un tireur fou pour tirer une balle dans le dos d’un gars, comme l’a fait Jean-Loup Lapointe quand il a tiré sur Jeffrey Sagor-Metellus alors que Jeffrey lui avait pourtant tourné le dos.
 
Moi je vous le dis, la police et leurs avocats ont peur que la vérité sorte et ils ont raison en maudit d’en avoir peur parce que c’est clair que la vérité est pas pantoute de leur bord.
 
Maintenant, si les avocats de la police s’imaginent que les gens vont finir par oublier Fredy avec le temps, ben laissez-moi vous dire qu’ils se mettent un doigt dans l’œil jusqu’au coude.
 
La preuve de ce que je dis est là ici même aujourd’hui, parce que trois ans plus tard, la famille Villanueva est toujours debout à réclamer la vérité et la justice.
 
La preuve, c’est que la famille Villanueva n’est pas seule parce que encore une fois, on est tous ici aujourd’hui avec la famille Villanueva pour dire qu’on a pas oublié et qu’on ne va pas oublié comment Fredy a été lâchement assassiné par un tueur en uniforme.
 
Vous savez, les policiers ont les armes ; ils ont l’argent ; ils ont les tribunaux, ils ont les politiciens et ils ont plusieurs journalistes de leur bord.
 
Malgré tout les pouvoirs et les privilèges qu’ils ont, iles policiers et leurs avocats ne pourront jamais nous enlever notre détermination d’aller jusqu’au bout dans ce long combat pour la vérité et la justice pour Fredy Villanueva !