Le porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP), Alexandre Popovic, demande au Commissaire à la déontologie policière de lancer une enquête afin de déterminer si les policiers de la Sûreté du Québec qui étaient responsables de l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva ont enfreint le Code de déontologie des policiers du Québec.
À la lumière du témoignage du sergent-détective Bruno Duchesne entendu par le coroner ad hoc Robert Sansfaçon la semaine passée, la CRAP estime en effet qu'il y a de bonnes raisons de croire que les enquêteurs de la SQ qui étaient en charge de l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva ne se sont pas comportés de manière à préserver la confiance et la considération du public.
Ainsi, le témoignage du sergent-détective Duchesne suggère que les enquêteurs de la SQ ont appliqué un traitement différent envers les témoins policiers et civils de l'intervention policière qui mena à la mort de Fredy Villanueva, notamment en s'abstenant d'interroger les agents Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilotte.
La CRAP est particulièrement troublée par le fait que des témoins civils furent transportés dans un poste de police immédiatement après le drame pour y être isolés les uns des autres en attendant d'être interrogés alors que les enquêteurs de la SQ permirent aux agents Lapointe et Pilotte de bénéficier d'un délai d'une semaine avant de communiquer leur version par écrit.
« Ces divers éléments tendent à alimenter le sentiment déjà bien répandu au sein de la population à l'effet qu'une règle du deux poids, deux mesures prévaut lorsque des policiers enquêtent sur des gestes posés par d'autres policiers », affirme Alexandre Popovic.
Non seulement ces révélations font-elles craindre que l'enquête de la SQ pourrait avoir été biaisée, mais elles font également peser un sérieux doute sur la justesse de la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales de ne pas porter d'accusation contre l'agent Jean-Loup Lapointe pour avoir enlevé la vie de Fredy Villanueva.
Par ailleurs, la CRAP croit que le temps est venu pour le ministère de la Sécurité publique de reconnaître que la politique ministérielle ne remplit pas son rôle consistant à garantir l'indépendance et l'impartialité des enquêtes portant sur des morts d'homme ou des blessures graves survenues lors d'interventions policières.